Stratégies de planification fiscale en matière de prévoyance : les conseils de notre expert
Cet article est une traduction de l’interview originale en allemand, publiée dans la Handelszeitung, de notre expert Yusuf Savmaz, Head of Switzerland Domestic Market. L’entretien aborde les stratégies clés pour optimiser les avoirs de prévoyance grâce à des investissements diversifiés et une planification fiscale efficace.
Transfert des bénéfices vers le patrimoine de prévoyance avec des avantages fiscaux
Sandra Wilmeroth, Handelszeitung
24.10.2024
Les plans de prévoyance 1e offrent aux employés une opportunité d’optimiser leur prévoyance. Les entrepreneurs disposent d’une marge de manœuvre plus grande, comme l’explique l’expert en investissement Yusuf Savmaz.
Vous conseillez des clients dans la planification financière et la prévoyance. Cependant, beaucoup aiment gérer eux-mêmes leurs finances. Quelles sont les choses importantes à garder à l’esprit ?
Pour ceux qui aiment gérer leurs finances, il est crucial de veiller à une bonne diversification. C’est un point fondamental, car c’est le seul « repas gratuit » offert par les marchés, ce qui est souvent oublié, notamment par les investisseurs immobiliers. Ils affirment souvent avoir toujours eu de bonnes expériences avec l’immobilier et se sentent moins à l’aise avec les autres placements. Mais une diversification adéquate protège contre les surprises, et une bonne diversification comprend bien plus que de l’immobilier direct et indirect.
Quand un portefeuille est-il bien diversifié ?
Cela dépend beaucoup de la situation et des préférences individuelles de chacun. En général, les investissements d’un portefeuille doivent être faiblement corrélés entre différentes classes d’actifs et idéalement répartis à l’échelle mondiale, allant des actions aux obligations en passant par les matières premières, avec un ajustement individuel des proportions.
Recommanderiez-vous également des obligations pour un portefeuille bien diversifié, compte tenu de l’évolution des taux d’intérêt ?
La tendance à la baisse des taux vient de commencer. Avec des obligations d’entreprises et des obligations à taux fixe, il est possible de bien se positionner et de profiter à moyen terme de nouvelles baisses de taux. De plus, les obligations permettent de réduire le risque global du portefeuille et de générer des revenus par les paiements d’intérêts.
Conseillez-vous également des investissements dans des actifs numériques comme les cryptomonnaies ?
Cela peut être une option pour les investisseurs prêts à prendre des risques, en tant que complément dans leur portefeuille. Cependant, chez BNP Paribas, nous faisons preuve de prudence en raison des réglementations, et nous restons réservés quant à la recommandation de cryptomonnaies ou d’actifs numériques.
Qu’en est-il des investissements en Private Equity, désormais accessibles aux particuliers via la nouvelle structure de fonds Eltif ?
Les investissements en Private Equity et autres placements de marchés privés sont faiblement corrélés aux classes d’actifs classiques comme les actions et obligations et contribuent ainsi à la diversification des risques dans un portefeuille. Plus la corrélation est faible, meilleure est la diversification d’un portefeuille. Il est donc pertinent d’allouer une part du portefeuille aux marchés privés, en gardant à l’esprit que ces placements sont généralement à long terme et peu liquides.
Ces placements à long terme ne sont-ils pas prédestinés pour la prévoyance ?
Effectivement. Cependant, l’univers des placements privés est vaste, avec une multitude d’acteurs et des caractéristiques spécifiques des marchés, telles que la liquidité limitée. C’est un domaine complexe, mais certaines caisses de pension investissent dans les placements privés dans le cadre des réglementations BVV 2. La réglementation autorise jusqu’à 15 % d’investissements alternatifs pour les caisses de pension suisses. Actuellement, la part moyenne de Private Equity des caisses de pension suisses est inférieure à 2 %.
Prenez-vous en compte la manière dont le patrimoine de prévoyance d’un client est diversifié dans sa caisse de pension dans la planification financière individuelle ?
Il est tout à fait pertinent de considérer le patrimoine des caisses de pension, qui investissent en moyenne un tiers de leurs actifs en actions, ainsi que les plans d’épargne pour les cadres et entrepreneurs dans le conseil en investissement.
En quoi cela consiste-t-il ?
Supposons qu’une personne ait accumulé deux millions de francs dans sa caisse de pension, dont 30 % en actions et le reste en obligations et autres actifs. Si cette personne a un appétit pour le risque et une capacité de risque plus élevés, par exemple parce qu’elle est jeune avec de nombreuses années avant la retraite, elle devrait investir au moins 1,4 million en actions pour équilibrer le portefeuille avec une répartition 50-50.
Quelles alternatives existent ?
Dans de tels cas, on peut utiliser des plans 1e pour la prévoyance surobligatoire. Ces plans permettent des solutions d’investissement personnalisées selon le profil de risque, et les assurés peuvent choisir la stratégie d’investissement en fonction de leurs préférences spécifiques et de leur profil. Les assurés avec un horizon de placement long peuvent opter pour une proportion d’actions plus élevée, ce qui peut conduire à une rentabilité accrue et à un patrimoine de prévoyance plus important.
Cela comporte-t-il des risques ?
Oui, en cas de correction des marchés, le rendement peut aussi être négatif. Souvent, cela coïncide avec une période économiquement difficile ; et si, dans le même temps, la relation de travail prend fin ou qu’un changement d’emploi s’annonce, le patrimoine de prévoyance du plan 1e devrait être liquidé à un moment inopportun, potentiellement avec des pertes.
Qu’est-ce qui rend les rachats dans la caisse de pension si attractifs ?
Les rachats dans le patrimoine de prévoyance peuvent être déduits du revenu imposable, offrant ainsi une économie fiscale. Par exemple, si une personne verse 500’000 francs dans sa caisse de pension, en cas de lacune de prévoyance, elle peut économiser 150’000 francs d’impôt avec un taux marginal de 30 %. Sans ce versement unique, il faudrait générer ces 150’000 francs en rendement sur les marchés financiers. De plus, ce mécanisme peut être utilisé plusieurs fois pour combler les lacunes de prévoyance.
Cette somme sera-t-elle imposée lors du retrait ?
C’est exact, mais elle sera taxée séparément du reste du revenu et à un taux privilégié. En cas de retraits échelonnés, la fiscalité peut être optimisée davantage. Pour un retrait partiel, l’occupation devrait être réduite d’au moins 30 %.
Quelle marge de manœuvre ont les entrepreneurs pour planifier leur prévoyance ?
Un entrepreneur peut ajuster son niveau de salaire. S’il est également actionnaire majoritaire de son entreprise, il peut augmenter son salaire assuré et générer des lacunes de prévoyance qu’il pourra combler par des versements volontaires, transférant ainsi les bénéfices de l’entreprise dans son patrimoine de prévoyance de manière fiscalement optimisée. Il existe des possibilités d’optimisation fiscale, mais il est essentiel d’être bien conseillé pour éviter tout risque de contournement fiscal.
Quand faut-il commencer à planifier la succession de son entreprise ? Un entrepreneur devrait initier tôt le processus de prévoyance et de succession. Idéalement, il devrait envisager l’avenir de son entreprise dix ans avant a retraite : reprise par les enfants, entrée dans le management ou vente.