Les stratégies d’investissement de demain: l’analyse de notre CIO
Cet article présente les stratégies d’investissement de BNP Paribas Wealth Management, axées sur la résilience face aux défis économiques mondiaux. Edmund Shing, CIO BNP Paribas Wealth Management, partage ses perspectives sur les opportunités clés, l’intégration prudente de l’IA et l’approche spécifique adoptée pour le marché suisse.
Publié par Handelszeitung / Ringer Medien Schweiz AG
Les stratégies d’investissement de demain
Wilma Fasola, Handelszeitung
07.11.2024
Ne pas suivre chaque tendance, mais concevoir des placements basés sur l’observation du marché, tel est l’objectif de BNP Paribas Wealth Management.
Malgré la guerre en Ukraine, des conditions financières plus strictes, une intensification des tensions géopolitiques et un ralentissement de la croissance en Chine, l’économie mondiale a plutôt bien résisté l’année dernière. Pour Edmund Shing, PhD – Global CIO BNP Paribas Wealth Management, cela s’explique par le fait que « le durcissement des conditions financières de 2022-2023 est derrière nous et ces conditions se sont améliorées au cours des derniers mois. La Banque centrale européenne et, plus récemment, la Réserve fédérale américaine ont abaissé leurs taux directeurs et, aux États-Unis en particulier, la croissance économique a été soutenue par les importantes mesures de soutien mises en place par le gouvernement, qui ont pris la forme de crédits d’impôt pour les dépenses d’investissement dans le cadre du Chips Act et de l’Inflation Reduction Act ». Par ailleurs, l’impact des conflits persistants en Ukraine et au Moyen-Orient sur l’économie mondiale via les prix de l’énergie a été limité.
« La croissance américaine devrait selon nous ralentir à mesure que l’effet positif des dépenses gouvernementales s’estompe progressivement, mais elle restera positive. En Europe, la croissance pourrait repartir, car la baisse des taux d’intérêt devrait stimuler l’activité industrielle et le recul de l’inflation renforcera probablement la confiance et les dépenses des consommateurs », déclare Edmund Shing. « Le positionnement des marchés émergents est très variable, de sorte qu’il est impossible de formuler une recommandation globale pour les actions émergentes. BNP Paribas privilégie par conséquent les marchés d’actions émergentes bon marché et affichant une croissance plus rapide comme la Corée du Sud, le Brésil et la Turquie pour diverses raisons spécifiques ».
Se positionner correctement
Compte tenu de la perspective d’une baisse des taux d’intérêt à court et à long terme combinée à un « atterrissage en douceur » de l’économie mondiale, BNP Paribas privilégie les classes d’actifs telles que les actions (en particulier hors États-Unis), le crédit investment grade et les matières premières. « Cet environnement est particulièrement porteur pour les actions de moyenne capitalisation et pour certains secteurs cycliques, en ce compris l’indice S&P 400 Mid-Cap et les secteurs financiers comme les assurances », explique Edmund Shing. « Du point de vue historique, la baisse des taux directeurs soutient le cours de l’or, raison pour laquelle cette classe d’actifs conserve son attrait à nos yeux ».
Pour notre expert, la période d’inflation n’a pas laissé de traces notables dans les bilans des banques centrales, car celles-ci avaient généralement enregistré d’importants bénéfices auparavant grâce à la baisse des taux d’intérêt. « La Banque du Japon, par exemple, dispose actuellement d’un volume considérable de plus-values non réalisées dans son portefeuille d’ETF en actions », selon M. Shing. « Il en va de même pour la Banque nationale suisse, compte tenu de son portefeuille d’actions américaines ». Il existe néanmoins un risque évident que les taux d’inflation, tant en Suisse qu’en Europe, restent globalement inférieurs aux objectifs des banques centrales. « Cela est dû à la déflation des prix des biens, au recul des prix de l’énergie et à la baisse des prix des services, car la croissance des salaires ralentit. Nous anticipons par conséquent de nouvelles baisses synchronisées des taux d’intérêt des grandes banques centrales au cours des 12 prochains mois, à l’exception de la Banque du Japon », estime Edmund Shing.
IA, la prudence est de mise
En ce qui concerne l’impact des nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle (IA) sur les stratégies d’investissement, BNP Paribas se concentre sur les opportunités que cela engendre. « Nous essayons de tirer parti des changements technologiques à long terme, comme la croissance des centres de données basés sur l’IA et l’augmentation de la consommation d’électricité qui en résulte. L’une des meilleures façons d’investir dans ce thème consiste à miser sur la croissance de l’infrastructure énergétique américaine, notamment en investissant dans l’infrastructure électrique, étant donné que le réseau de transport se développe pour répondre à la hausse de la demande », résume M. Shing. La banque adopte toutefois une approche réfléchie en ce qui concerne l’introduction de l’IA et des solutions fintech et numériques. « Alors que l’IA générative et des chatbots de type ChatGPT monopolisent l’attention, nous entrevoyons un très grand potentiel au niveau des applications d’IA plus classiques dans des domaines spécifiques et nous testons actuellement un certain nombre de projets liés à l’IA, à la fois chez BNP Paribas en général et dans le domaine de la gestion de fortune plus particulièrement ».
La Suisse, un marché à part entière
En ce qui concerne spécifiquement la Suisse, Edmund Shing constate une forte concentration sur les devises, basée sur une tendance à l’appréciation du franc suisse depuis de nombreuses années, qui a réduit la performance des placements négociés en devises étrangères. « En outre, nous observons une plus grande acceptation de certaines classes d’actifs comme l’or physique en Suisse, qui est moins apprécié en tant qu’actif de diversification dans un portefeuille multi-actifs », selon lui. « Dans les principaux marchés nationaux comme la France, la Belgique et l’Italie, nous pouvons nous appuyer sur notre vaste présence dans le secteur de la banque de détail. Il s’agit d’un avantage commercial dont nous ne disposons pas en Suisse, nous obligeant par conséquent à adopter une approche légèrement différente ». C’est pourquoi BNP Paribas s’adapte aux exigences spécifiques du marché suisse en réagissant à ses particularités telles que les fluctuations des devises, la prédilection pour certaines classes d’actifs et même le groupe ciblé. Et Edmund Shing de conclure : « Nous avons une clientèle très variée, englobant aussi bien des particuliers fortunés que des personnes très fortunées et des family offices. Nous proposons donc un large éventail de produits, allant des solutions d’investissement les plus simples et les plus liquides aux solutions hautement spécialisées, moins liquides et plus sophistiquées. L’essentiel est de fournir des conseils et des solutions adaptés au profil du client, moyennant un coût raisonnable, car une stratégie universelle ne fonctionne pas dans ce secteur ».